Cette Acadienne4,5 remarquable a été élevée au rang de personnage d'importance nationale lors d'une cérémonie à Chéticamp le 15 août 2016.
Revenir sur les traces de Jeanne Dugas et sa famille permet non seulement de découvrir le destin de cette femme remarquable mais aussi de comprendre l'histoire de son peuple pendant la Déportation des Acadiens. Découvrez l'Acadie des Maritimes dans les pas de Jeanne Dugas, depuis Louisbourg à Chéticamp en passant par Grand-Pré, le Nouveau-Brunswick, les rives du Saint-Laurent ainsi que Halifax.
Un peu d'histoire
Jeanne Dugas est née le 16 octobre 1731 à Louisbourg sur l'Ile Royale, le Cap-Breton actuel. Elle est la dernière des 9 enfants de Joseph Dugas, prospère constructeur de navire et navigateur, et de Marguerite Richard.
L'épidémie de variole qui sévit pendant l'hiver 1732-1733 emporte ses soeurs ainsi que son père, laissant Marguerite à la tête de la famille et du commerce de son défunt mari. Elle arrive à maintenir l'entreprise à flot.
En 1736, Marguerite Richard se remarie avec Philippe-Charles Saint-Étienne de la Tour, l'un des petits-fils de Charles de la Tour, ancien gouverneur de l'Acadie.
En 1738, la famille déménage à Grand-Pré où décédera Marguerite en 1746.
Lorsque prend fin la guerre de Succession au trône d'Autriche en 1748, la famille regagne l'Ile Royale qui demeure une possession des Français.
Lors du recensement de 1752, Jeanne Dugas apparaît comme mariée à Pierre Bois, caboteur, et installée avec son frère aux alentours de Port-Toulouse. Le mariage aurait eu lieu en 1750. Ils quittent ensuite Port-Toulouse et on perd leur trace pour quelques années.
On retrouve Pierre et Jeanne dans le cadre du recensement de Restigouche en 1760 et on apprend que Pierre aurait activement participé à la bataille de ce nom.
En 1761, le couple s'installe à Népisiguit. C'est probablement à cet endroit qu'ils sont arrêtés lors des raffles organisées par Roderick Mackenzie dans la Baie des Chaleurs. Ils sont emprisonnés au Fort Cumberland puis transportés sur l'Île Georges, dans le havre de Halifax en 1763. Ils sont libérés le 12 août 1763.
L'Abbé Bailly de Caraquet les croise à Arichat lors de son passage en 1771.
En 1784, ils sont identifiés dans les registres de Cascapédia (actuel New Richmond) en Gaspésie, en compagnie du frère de Jeanne.
En 1785, le couple repart pour le Cap-Breton où ils participent à la fondation de la communauté de Chéticamp. Jeanne Dugas y occupe la fonction de sage-femme pendant de nombreuses années. Pierre décède en 1809.
En 1812, elle raconte son histoire à Monseigneur Joseph-Octave Plessis, évêque de Québec en visite à Chéticamp. Elle mentionne alors s'être déplacée une quinzaine de fois durant toute sa vie. Malgré tous les déplacements, la persécution et l'emprisonnement, Jeanne a toujours réussi à subvenir aux besoins de sa famille.
Elle meurt et est enterrée à Chéticamp le 16 octobre 1817, à l'âge de 86 ans.