
Acadie historique
En 1603, Henri IV, le roi de France, accorde à Pierre Dugua de Mons le droit de coloniser les terres d'Amérique du Nord. Dès 1604, les colons français bâtissent leur fort à l'embouchure de la rivière Sainte-Croix, qui sépare le Nouveau-Brunswick et le Maine actuels, sur une petite île nommée île Sainte-Croix (aujourd'hui Dochet Island). Le printemps suivant, les colons déménagent au sud-est de la baie Française (aujourd'hui baie de Fundy) au lieu qu'ils nommèrent Port-Royal, de nos jours Annapolis Royal, en Nouvelle-Écosse.
C’est vers 1632 que les premières familles françaises s’établissent en Acadie. Elles développent des relations amicales avec le peuple mi'kmaq, apprenant leurs techniques de chasse et de pêche. Les Acadiens s’installent principalement en régions côtières, sur des terres reprises à la mer par des endiguements nommés aboiteaux.
Établis à la frontière entre les territoires français et britanniques, les Acadiens se trouvent sur la ligne de front de chaque conflit entre les deux puissances. Les Acadiens apprennent à survivre en adoptant une attitude de neutralité réfléchie, refusant de prendre les armes pour l'une ou l'autre puissance coloniale et en vinrent ainsi à être désignés sous le nom de French Neutrals (les « Neutres français »).
Lors du traité d'Utrecht de 1713, la France cède cette portion de l'Acadie qui est maintenant la Nouvelle-Écosse (moins l'île du Cap-Breton). En 1754, le gouvernement britannique, n'acceptant plus la neutralité précédemment tolérée des Acadiens, exige qu'ils prêtent un serment d'allégeance absolu à la couronne britannique, ce qui revenait à exiger des Acadiens qu'ils acceptent de prendre les armes contre la France et de renoncer à leur foi catholique.
En 1755, le colonel Charles Lawrence ordonne la déportation massive des Acadiens, sans autorisation formelle de Londres et en dépit d'avertissements des autorités britanniques contre une réaction draconienne. Dans ce qui est connu comme la Déportation ou le Grand Dérangement, plus de 12 000 Acadiens (les trois quarts de la population acadienne en Nouvelle-Écosse) sont expulsés, leurs maisons brûlées et leurs terres confisquées. Les familles sont séparées et les Acadiens dispersés.
Suite à la signature du Traité de Paris, le 10 février 1763, la Nouvelle-France et l’Acadie passent à la Grande-Bretagne. Il est estimé qu’à la fin des hostilités, une population de 2 300 Acadiens demeure dans les Maritimes. Si certains partent, d’autres choisissent de rester sur le territoire et de fonder une nouvelle Acadie. Tout comme ceux qui reviennent à partir de 1764, ils obtiennent la permission de s’installer en Nouvelle-Écosse à la condition de prêter le serment d’allégeance et de se disperser en petits groupes. Leur installation sur les côtes du nord du Nouveau-Brunswick et à l’Île-du-Prince-Édouard est aussi favorisée.